Enseigner l’EVAR à l’école primaire : repères, conseils et ressources

L'EVAR vous préoccupe ? Manque de temps, posture à adopter, questions des parents... Aurélie Gourmelon, co-autrice des programmes, vous répond et présente son nouvel ouvrage : une ressource clé en main pour enseigner sereinement l'EVAR de la PS au CM2.

L'arrivée des nouveaux programmes d'Éducation à la Vie Affective et Relationnelle (EVAR) suscite de nombreuses interrogations chez les enseignants. Comment aborder ces notions ? Comment dépasser les craintes, les tabous, et répondre aux besoins du terrain ? 


Pour vous accompagner, Aurélie Gourmelon, conseillère pédagogique, formatrice académique pour le groupe EVAR de l’académie de Versailles et membre du groupe d'écriture des programmes (GEP), a partagé son expertise lors d'un webinaire exclusif Hachette Éducation. Cet article synthétise ses conseils et présente son nouvel ouvrage, "Enseigner l'éducation à la vie affective et relationnelle", une ressource conçue pour rassurer et outiller les enseignants de la petite section au CM2
 

1. EVAR : de quoi parle-t-on vraiment ?

 

Démystifier un enseignement essentiel

Avant toute chose, il est important de clarifier la terminologie. Le précédent ouvrage d'Aurélie Gourmelon s'intitulait "Aborder l'éducation à la sexualité", un terme officiel depuis la loi de 2001. Cependant, ce mot pouvait générer de l'inquiétude chez les parents du premier degré, alimentant certaines rumeurs.
La nouvelle appellation, "Éducation à la Vie Affective et Relationnelle", a été choisie pour rassurer et clarifier les objectifs jusqu'au CM2. Il ne s'agit pas d'aborder l'acte sexuel, mais la sexualité au sens large : la connaissance de soi, la relation à l'autre, la reconnaissance de ses limites et de celles des autres. C'est un enseignement fondamental qui s'articule autour de trois axes : biologique, social et juridique.

Pourquoi enseigner l’EVAR à l’école ?

Enseigner l’EVAR à l’école primaire, c’est :

  • Protéger les enfants et prévenir les violences
  • Favoriser l’égalité, le respect et l’inclusion
  • Développer les compétences psychosociales et l’estime de soi
  • Offrir un cadre d’écoute et de dialogue sécurisant
  • Accompagner chaque élève dans la construction de soi et du lien à l’autre

Comme le souligne Aurélie Gourmelon : « L’EVAR n’est pas une charge supplémentaire, mais une opportunité d’accompagner chaque enfant dans la construction de soi et du vivre-ensemble. »

2. Les 4 questions que tous les enseignants se posent (et les réponses d'Aurélie Gourmelon)

Forte de son expérience sur le terrain et des nombreuses formations qu'elle anime, Aurélie Gourmelon a identifié les interrogations récurrentes des professeurs. Son ouvrage est d'ailleurs construit pour y répondre point par point.

"Je n'ai pas le temps ! Comment intégrer l'EVAR dans mon emploi du temps ?"

C'est LA grande question. La réponse est simple : la transversalité. L'EVAR n'est pas une matière à ajouter avec des heures supplémentaires. Il s'agit d'un enseignement qui s'intègre naturellement au quotidien et aux autres disciplines.

  • En maîtrise de la langue : L'étude d'un album de littérature de jeunesse peut être le point de départ pour aborder les émotions des personnages, leurs décisions et donc des notions d'EVAR. Une séance sur le consentement développera des compétences d'argumentation et de justification.
  • En EMC : Les programmes d'EVAR et d'EMC ont été écrits en parallèle par des groupes de travail qui communiquaient entre eux. Il y a donc une complémentarité évidente et des notions qui se recoupent, permettant d'intégrer des séances d'EVAR dans les 36 heures dédiées à l'EMC.
  • En sciences, en histoire, en arts... Chaque matière peut être un support pour aborder une compétence EVAR.

 

"Comment adopter la bonne posture et répondre aux questions délicates ?"

La posture de l'enseignant en EVAR est cruciale. Il ne s'agit pas d'apporter une réponse magistrale, mais plutôt de guider la réflexion des élèves.

  • Réceptionner et reformuler : Face à une question, l'enseignant doit d'abord chercher à comprendre la réelle interrogation de l'enfant. La première étape est souvent de renvoyer la question : "Et toi, qu'est-ce que tu en penses ?" ou de l'ouvrir au groupe : "Et vous, qu'est-ce que vous en savez ?".
  • Partir de leurs savoirs : L'enseignant accompagne les élèves pour confirmer ou infirmer ce qu'ils savent déjà, sans jamais aller plus loin que ce qu'ils apportent eux-mêmes. C'est ce qui permet de rester adapté à leur âge et de ne pas heurter les sensibilités.
  • En cas de questions "hors programme" (viol, etc.) : Si un enfant pose une question, c'est qu'il se la pose déjà. Il vaut mieux qu'il obtienne une réponse adaptée et mesurée en classe plutôt qu'une réponse potentiellement fausse ou traumatisante dans la cour de récréation ou sur internet.

"Comment gérer la réticence des parents ?"

L'école et la famille sont complémentaires. L'école apporte un savoir scientifique et citoyen, tandis que les parents transmettent leurs valeurs et convictions. Il est essentiel de rassurer les parents en leur expliquant ce qui est fait en classe et pourquoi : donner à leur enfant les clés pour s'épanouir, se respecter et se protéger. Une pédagogie claire et transparente permet généralement de convaincre facilement.

"Quelles notions aborder concrètement, notamment en maternelle ?"

Loin d'être abstraites, les notions d'EVAR sont ancrées dans le quotidien des plus jeunes. Le programme est curriculaire : les notions sont introduites dès le cycle 1 puis approfondies au fil des ans.

  • Le consentement : Dès la petite section, quand un enfant demande à emprunter un jouet et doit accepter un refus, c'est une situation de consentement.
  • L'intimité : La notion de pudeur se construit entre 3 et 6 ans. Respecter le besoin d'intimité d'un enfant aux toilettes ou lors du change après la sieste est déjà une forme d'éducation à l'intimité.
  • La connaissance du corps : Utiliser les termes scientifiques comme "pénis" et "vulve" n'est pas un tabou. L'enseignant part du vocabulaire des enfants pour les amener progressivement vers les mots justes, dès la petite section.
  • Les émotions, les stéréotypes, les adultes de confiance ou encore les droits de l'enfant sont également des notions abordées dès le cycle 1.

"Enseigner l'éducation à la vie affective et relationnelle" : la ressource clé en main pour vous lancer sereinement

Pour accompagner les enseignants dans la mise en œuvre de ces nouveaux programmes, Aurélie Gourmelon publie une nouvelle version entièrement refondue de son ouvrage chez Hachette Éducation.

Les objectifs sont clairs : rassurer et faciliter.

  • Un ouvrage testé et approuvé : Toutes les séances proposées ont été expérimentées en classe par l'auteure.
  • Clé en main ET adaptable : Chaque séance fournit tous les éléments pour être menée telle quelle, mais elle est aussi conçue pour être facilement adaptée avec vos propres supports, comme un autre album de littérature.
  • Une structure en deux temps :
    • Une partie didactique pour vous outiller : réponses aux questions fréquentes (gestion du temps, posture, parents...), lecture des programmes, gestion des situations de révélation.
    • Une partie pratique avec des séances types, des outils et une analyse des enjeux pour chaque notion abordée.

Une "mallette" de ressources : À la demande des enseignants, l'ouvrage intègre désormais une bibliographie d'albums de jeunesse classée par cycle et par notion, idéale pour préparer vos commandes

Conclusion

L'enseignement de l'EVAR est bien plus simple et transversal qu'il n'y paraît. En adoptant une posture de guide et en vous appuyant sur des ressources fiables et pratiques, vous donnerez à vos élèves des outils essentiels pour leur vie de futur citoyen.

Pour découvrir l'ouvrage "Enseigner l'éducation à la vie affective et relationnelle - De la PS au CM2" d'Aurélie Gourmelon, rendez-vous sur sa page dédiée.