Un déficit communication et d’interactions sociales
Un élève porteur d’un trouble du spectre autistique va rencontrer des difficultés relationnelles qui se manifestent de différentes façons.
Déficit de la réciprocité sociale ou émotionnelle.
Les élèves autistes peuvent présenter un déficit de la réciprocité sociale ou émotionnelle, du fait d'un défaut d'acquisition de la théorie de l'esprit. La théorie de l'esprit est la capacité qui nous permet d'avoir à l'esprit ce que peut imaginer l'autre. Ils peuvent alors se retrouver en grande difficulté, et ne pas avoir un comportement adapté parce qu'ils n'arrivent pas à se mettre à la place de l'autre.
Ils rencontrent également des difficultés pour interpréter ou utiliser toutes les informations paraverbales, comme les hochements de tête, les expressions faciales ou les gestes que l’ont fait avec notre corps qui communiquent aussi des informations. Ils ne sauront alors pas forcément réagir de façon adaptée.
Déficit du comportement de communication non verbale.
Les élèves ayant un déficit du comportement de communication non verbale sont des enfants ayant beaucoup de mal à établir un contact visuel, à regarder dans les yeux, ou à maintenir le regard. Cela va alors gêner sa relation avec les autres.
Déficit de la compréhension des relations.
Les personnes ayant un déficit de compréhension des relations ne comprennent pas bien les règles qui régissent les relations sociales, et peuvent alors être très gênés pour établir des relations avec d'autres personnes, parce qu'ils ne savent pas comment adapter leur comportement ou comment initier et maintenir l’échange. Par exemple, il peut être paralysant pour eux de ne pas savoir s'il faut dire « bonjour » ou « salut » et ils vont alors se bloquer sans savoir quoi faire.
Des particularités au niveau du comportement.
- On trouve chez les élèves ayant un TSA des comportements restreints et répétitifs (par exemple allumer/éteindre un interrupteur). Ils aiment également toutes les activités de transvasement et toutes les situations où ils peuvent agiter des objets devant leurs yeux. On nomme toutes ces activités des « stéréotypies ». Ce sont des activités qui peuvent également concerner les mouvements du corps et se manifester alors par des balancements ou l'agitation des bras et des mains (que l’on nomme le flapping).
- On rencontre souvent une intolérance aux changements qui entraîne un fort besoin de routine. Ils ont par exemple besoin de mettre en place des rituels au moment du coucher ou pour les repas. Toutes ces situations de routine ont pour fonction de maintenir un cadre dans un contexte souvent anxiogène.
- On retrouve également une focalisation permanente sur un objet spécifique qu'on appelle « intérêt restreint ». Les enfants autistes font souvent preuve d'intérêt restreint pour un seul sujet. C'est une passion qui est souvent peu commune et ils y consacrent une énergie et un temps démesuré.
Des particularités sensorielles
Les élèves porteurs d’un trouble du spectre autistique ont des particularités sensorielles :
- On peut trouver une hyposensorialité, quand les canaux sensoriels ne sont pas assez ouverts et donc trop peu de stimulation sont perçues. Dans ce cas, les élèves sont souvent en recherche de stimulation : ils peuvent se balancer, agiter des jouets sonores, regardez les lumières, et ils peuvent même aussi s'automutiler pour stimuler la sphère tactile.
- On peut aussi trouver une hypersensorialité, dans quel cas les canaux sensoriels sont trop ouverts et il y a trop de stimulations sensorielles qui sont perçues. Les élèves cherchent alors à se protéger et ils doivent se boucher les oreilles, se protéger les yeux, etc.
Ces particularités sensorielles peuvent coexister chez un même élève, et pour un même sens. Ainsi un élève autiste peut ne pas supporter la fréquence de certains bruits et se boucher les oreilles (hypersensorialité) et être peu réactif à la fréquence de la voix en ne réagissant pas même s’il entend (hyposensorialité).
Toutes ces particularités sensorielles entraînent souvent des comportements qui sont considérés comme déviants. Certains élèves peuvent par exemple casser un objet bruyant, de peur qu’il produise trop de bruit.
Les élèves ont souvent une sensibilité visuelle qui est focalisée sur le détail. Ils ont une perception parcellaire, parce qu'ils fixent leurs regards sur un élément sans s'en détacher.
Cela entraîne des difficultés à reconnaître une personne, par exemple, si elle a changé un détail de son apparence. Au lieu de regarder le visage dans son intégralité, ils vont se focaliser sur un seul détail et si celui-ci change, ils ne vont pas reconnaître la personne.
Les conséquences des troubles du spectre autistique
Difficultés dans les apprentissages
Les conséquences des troubles du spectre autistique sont nombreuses dans les apprentissages :
- Difficulté dans la gestion des fonctions exécutives : les élèves peuvent rencontrer des difficultés pour identifier et exécuter chacune des étapes nécessaires à la résolution d'un problème, pour initier une tâche ou s'adapter à une nouvelle tâche, pour faire des choix, pour planifier, ou encore pour s'organiser. Toutes ces difficultés rendent la scolarisation compliquée au niveau des apprentissages, comme au niveau des relations. Si vous voulez en apprendre plus sur le syndrome dysexécutif, regardez le webinaire à ce sujet.
- Difficulté dans la généralisation des connaissances : un élève peut avoir acquis une compétence chez lui et ne pas pouvoir la mettre en place à l’école. Chez les élèves porteurs d’un trouble du spectre autistique, on va considérer une compétence acquise quand il peut la mettre en œuvre dans 3 lieux différents, avec 3 personnes différentes et sur 3 supports différents.
- Difficulté dans la compréhension des informations implicites : l’élève ne comprend pas toujours ce qu'on attend de lui et cela l’angoisse, il a alors parfois du mal à commencer son travail.
- Difficulté dans le passage de l’oral à l’écrit, pour 3 raisons différentes :
- Certains élèves n’arrivent pas à décoder les mots qu’ils ne connaissent pas.
- Certains peuvent être atteints de dysgraphie. Un article est disponible à ce sujet.
- D’autres ne vont tout simplement pas comprendre ce que le professeur attend et ce qu’ils doivent retranscrire par écrit.
- Difficultés dans le maintien de l’attention : les élèves vont avoir du mal à maintenir leur attention dans un but donné. Parfois les distracteurs sensoriels liés à l'hypersensibilité envahissent toutes les capacités de l'attention de l'élève et entravent complètement leur disponibilité.
Difficulté dans la posture d’élève et dans les relations avec les autres
En raison de leur manque d'habilités sociales, les élèves autistes ont beaucoup de mal à adopter le comportement attendu en classe et à l’école. Ils peuvent avoir besoin de verbaliser à haute voix les interdits et les choses qu’il ne faut pas faire.
Un élève, dans une même journée, ne va pas se comporter de la même façon dans toutes les situations : en classe lors d'un travail individuel ou lors d'un travail en groupe, en sport, en récréation, ou à la cantine, etc.
Pour un élève porteur de TSA qui ne dispose ni de la flexibilité mentale nécessaire pour s'adapter, ni de la connaissance des comportements à adopter dans chaque situation, cela est très complexe.
Les aides aux apprentissages pour les élèves autistes.
Accueillir un élève autiste dans sa classe peut être difficile, en particulier quand il a des hypersensibilités importantes. Avant toutes choses, il est donc important d’échanger en amont avec la famille et les intervenants pour connaître les particularités de l’enfant. Cela permet de l'accueillir dès les premiers jours dans le contexte le plus favorable pour possible.
Pour les apprentissages, il va être très important de les généraliser :
- Varier les supports, les lieux et les modalités de réalisation d'une tâche pour que les élèves puissent utiliser leurs compétences dans différentes situations.
- Contextualiser au maximum les acquisitions pour favoriser leurs réinvestissements dans la vie quotidienne. Par exemple, on peut favoriser l’apprentissage de la lecture dans un contexte où celle-ci est utile, comme une recette de cuisine.
Pour aider à l’apprentissage du geste graphique
- Aides physiques : effectuer le geste en main sur main avec l'élève, puis estomper cette aide progressivement.
- Aides kinesthésiques (au niveau sensoriel) : proposer de faire des tracés simples sur un support rugueux, comme dans du sable, dans un pochoir, ou proposer de suivre un modèle en relief.
- Aides visuelles : proposer un modèle aussi en ajoutant des indices pour que l’élève puisse se repérer dans les lignes et sur la feuille
Pour aider à la réalisation des exercices.
Pour aider les élèves porteurs d’un TSA à la réalisation des exercices, il est important d'adapter la présentation pour qu'ils s'y retrouvent aisément. L'idéal est de proposer un exercice qu'ils puissent comprendre visuellement, sans avoir besoin de consignes.
Il est aussi important que les élèves voient la fin de l'exercice pour rester motivés jusqu'au bout et limiter l'incertitude quant à la fin de la tâche donnée. Il est important également de donner des repères précis, soit en proposant un exemple abouti, soit en initiant l'exercice avec l'élève.
Voici un exemple d’un exercice adapté :