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Booster l'orientation des élèves : rencontre avec Sixtine Morel d’Arleux - Vocation : auteur

Lancement: mars 2022
À retrouver également sur les plateformes :
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Comment aider les ados à tracer leur voie ? Dans cet épisode, découvrez le métier de coach en orientation et les clés pour guider les choix scolaires en toute sérénité avec Sixtine Morel-d’Arleux, coach et autrice. Présenté par Pascale Joly, déléguée pédagogique Hachette Education.

Présenté par Pascale Joly, déléguée pédagogique Hachette Education
Langue : français (France)
Fréquence : un épisode tous les deux mois

L'heure des choix approche pour tous les élèves, de la troisième à la terminale. Et les questions fusent : comment s'orienter ? Comment décider ? Que privilégier ? Avec cet épisode, nous vous proposons de plonger dans les coulisses du métier de coach en orientation et de mieux comprendre ce qui se joue dans la tête des jeunes lorsqu'ils doivent tracer leur chemin.

Sixtine Morel d’Arleux est coach en orientation et co-autrice de la toute nouvelle collection Objectif Orientation pensée pour guider les ados et rassurer leurs parents, notamment à l'ouverture de Parcoursup.

Ce seizième épisode est aussi disponible sur différentes plateformes d’écoute en streaming.  

Pascale Joly : Bonjour, Sixtine. 

Sixtine Morel d’Arleux : Bonjour Pascale. 

PJ : Tu as choisi d'introduire ce podcast par une chanson de Calvin Harris intitulée Let's Go. Pourquoi ce choix ? 

SMA : je suis une joueuse de tennis. J'ai fait beaucoup de compétitions à un niveau très modeste, très amateur, mais j'ai passé 12 ans en Californie et avec mon équipe de tennis, on a un peu sillonné la Californie et les États-Unis. On a eu la chance d'aller jouer un petit peu partout. Notre capitaine d'équipe – parce qu'on devait aligner plusieurs joueuses, on avait plusieurs doubles et des simples – voulait nous motiver dans les dernières compétitions qui étaient un petit peu challenging. Et donc, je me souviens d'un matin à 7h30 du matin sur le parking du stade où on allait jouer à Indian Wells… c'était assez mythique. Elle a mis cette chanson à fond pour nous motiver. Et on était tout en rond et on dansait un petit peu comme le haka, tu sais ?

Pour moi, c'est une chanson qui retrace aussi bien l'esprit d'équipe que l’envie de gagner. On était amatrices, mais on avait envie de gagner. Et quand je l'entends, évidemment, ça me rappelle tous ces bons moments que j'ai passé avec cette équipe de tennis. Dans les bons et les mauvais moments, c'est une chanson que je vais mettre souvent, soit pour me motiver, soit pour me redonner de l'énergie.

PJ : Est-ce que tu peux nous décrire un peu, Sixtine, ton parcours et puis ce qui t'a conduit à exercer ce métier de coach ?

SMA : J'ai commencé par une licence de droit, un peu parce que je ne savais pas trop quoi faire. À l'époque, on ne parlait pas trop d'orientation. Ce n'était pas tellement le sujet. Je n'étais pas scientifique, je n'étais pas littéraire donc, j'ai pris un peu généraliste. Si j'avais eu l'occasion de parler et de choisir mon orientation, j'aurais été plus dans une formation d'éducateurs spécialisés pour enfants en situation de handicap. 

Ensuite, je me suis mariée jeune. J'ai suivi mon ex-mari dans plusieurs expatriations, dans plusieurs déménagements. Pendant la dernière expatriation aux Etats Unis, on a passé 12 ans en Californie et les enfants ont commencé à grandir. Je me suis alors dit que j’allais faire une espèce de bilan de compétences avec une amie qui m'a donné envie de faire ce métier, et je me suis formée au coaching. Il se trouve que la Californie – San Francisco, c'est vraiment le berceau du coaching. Le coaching est né là-bas, il y a tous les headquarters, toutes les maisons-mères de toutes les formations de coaching. 

Donc j'y suis allée, j'ai essayé. En plus, je ne parlais pas très bien l'anglais. Je me suis dit que j’allais faire d'une pierre deux coups, me former et en même temps améliorer mon anglais. Et ensuite, je me suis spécialisée dans le coaching d'orientation.

PJ : Oui, parce que tu m'avais expliqué que c'est le coaching de vie qui est le plus fréquent. 

SMA : Exactement. Et puis, je me suis spécialisée dans le coaching d'orientation pour plusieurs raisons. D’abord, parce que je n'avais jamais travaillé en entreprise. Je ne me voyais pas le faire, et puis tous mes collègues faisaient du coaching d'entreprise. 

Ensuite, j'avais quatre ados à la maison et j'étais assez à l'aise dans le monde des ados. En tout cas, c'est ce qu'ils me disaient. J'ai mon fils aîné qui m'a beaucoup boostée, qui m'a motivée, qui m'a dit qu'il fallait que je continue parce que ce n'était pas facile. J'avais des gros moments de solitude en anglais dans la formation.

Et puis, il y avait peu d'offres aussi dans ce domaine en coaching d'orientation. Et moi, je suis vraiment spécialisée pour les jeunes expats : soit des expats qui veulent rentrer en France vers leurs études, soit des jeunes Français qui veulent aller faire leurs études à l'étranger. Et puis, c'est vrai qu'aujourd'hui, on met beaucoup en avant les études à l'étranger.

PJ : Tu es coach depuis 11 ans maintenant. Concrètement, ça consiste en quoi, ce métier ?

SMA : Je travaille avec les jeunes sur le quoi, le pourquoi et le comment. Le quoi, c'est qu'est-ce que j'ai envie de faire plus tard. Le pourquoi, c'est pourquoi j'ai envie de le faire : quels sont mes moteurs, quelles sont mes motivations. Et le comment, c'est choisir des études pour le faire.

L'orientation, il faut bien comprendre que ça repose sur trois piliers. Il y a le pilier connaissance de soi, le pilier connaissance des métiers et le pilier connaissance des études

Le principe, c'est qu'on aide les jeunes à bien se connaître, ensuite à se projeter. Quand je dis on, c'est les coachs d'orientation. On aide les jeunes à essayer de se projeter dans un futur métier.

Et ensuite, après, c'est assez facile. Une fois qu'on sait à peu près ce qu'on a envie de faire, on fait un petit retour en arrière et on se dit OK, maintenant, comment j'y vais et quelles études je peux faire. Et en fonction de ce que j'aime, en fonction de l'environnement universitaire dont j'ai besoin, etc.

On travaille tout ça en coaching d'orientation. 

PJ : Quel est l'objectif global de tout ça ? C'est d'essayer de dédramatiser un peu, de faciliter un petit peu l'orientation chez les jeunes ?

SMA : L'objectif, c'est de leur donner des clés, de leur donner des outils. Ce n'est pas une gentille conversation avec des jeunes. Un jour, j'ai eu un papa, ça a été très, très traumatisant pour moi cette séance parce qu'il me dit bon, en fait, vous êtes coach parce que vous avez aidé vos enfants et puis vous avez aidé deux, trois copains alors que ça faisait déjà cinq ans que je travaillais.

J'avais travaillé avec des centaines d'étudiants et j'avais été assez humiliée de cette phrase en disant bon, voilà, vous avez eu votre diplôme dans une pochette surprise. Pas du tout, on suit un vrai programme. C'est très structuré, comme je le disais, ces trois piliers, il faut vraiment y passer.

Donc, ce n'est pas quelque chose qu'on peut faire comme ça. En tout cas, on y croit. Et d'ailleurs, il y a une vraie déontologie pour les coachs.

Il faut qu'on se forme très régulièrement, il faut qu'on soit supervisé très régulièrement également. Dans notre association Génération 15-25, on est très, très à cheval là-dessus pour que ce soit des coachs formés, supervisés et qui suivent une déontologie.

PJ : À l'issue de ce coaching, en général, les adolescents que tu as coachés, est-ce qu'ils savent vers quelles filières ou métiers aller ?

Il n'y a pas de baguette magique. Je ne vais pas promettre la lune. Et ça, je le dis dès la première séance aux parents et aux jeunes, parce que je fais toujours une première séance avec les parents et les jeunes. Ensuite, le coaching se fait seulement avec le jeune, puis on fait un débrief avec les parents. Moi, je leur dis, il n'y a pas de promesses magiques.

Mais par contre, ce qui est sûr, c'est qu'à la fin du coaching, le jeune va mieux se connaître. Parce qu'une orientation réussie, ça passe par une bonne connaissance de soi. Donc le jeune va avoir découvert des domaines. Alors effectivement, j'en ai pas mal, mais sur les 11 dernières années, je ne peux pas te donner de pourcentage. J'en ai quand même beaucoup qui découvrent des métiers ou qui découvrent des domaines. Et là, c'est assez facile parce que comme je te disais tout à l'heure, ensuite, on choisit les formations.

Sinon, c'est vrai qu'ils peuvent quand même rester dans une formation très généraliste. En tout cas, on réfléchit beaucoup. Tu vois, dans la deuxième partie qui est le pilier des métiers, on réfléchit beaucoup aux critères de choix de métier : qu’est-ce qui va être important pour moi dans mon futur métier ? Par rapport à qui je suis, à ce que j'ai envie d'être et ce que j'ai envie de faire de ma vie. C'est une question très importante. Et donc, j'ai envie de dire au pire, au pire, le jeune, il a travaillé sur la connaissance de soi, sur ce qui était important pour lui dans sa vie. 

Lorsque j'en ai un qui me dit : « j'ai 17 ans, c'est-à-dire que je n'ai pas envie de choisir aujourd'hui pour les 40 prochaines années de ma vie », j'ai plein de réponses pour eux. Quand ils me disent ça, j'ai plein de réponses. Parce qu'aujourd'hui, c'est fini, il n'y a plus personne qui va faire le même métier. Si, il y en a quand même, heureusement, qui vont faire le même métier parce que c'est une passion et c'est un métier très, très technique, etc. Mais aujourd'hui, les études prouvent que les jeunes qui sont aujourd'hui en train de choisir leur orientation vont avoir entre 7 et 12 métiers dans leur vie. C'est beaucoup plus que nous n'avons pu en avoir, nous. Bien sûr, nous, à notre génération, les années 90, on a peut-être changé une ou deux fois de métier et encore. La génération de nos parents je n'en parle pas, ils n'ont même pas changé d'entreprise. Mais la génération des jeunes, tu vois, dans un des exercices que je leur fais faire, je leur fais réfléchir à plein de métiers et je leur fais faire des tas de métiers. Alors peut-être que j'anticipe un peu sur des questions, mais ce n'est pas grave.

Je leur fais faire des tas de métiers et je leur dis il y a peut-être un tas de métiers que tu pourras, que tu te vois faire plus tard, peut-être pas tout de suite, mais que tu te vois faire plus tard. Et en fait, ça les rassure énormément de se dire qu'ils ont en fait plein de possibilités, plein de choix

PJ : Et vers quel métier ils vont en général, ces jeunes aujourd'hui ? Parce qu’il y a plein de métiers qui n'existent pas aujourd'hui et qui existeront à l'avenir parce qu'on est en pleine mutation. Donc c'est compliqué les orienter aujourd'hui, j'imagine.

SMA : C'est intéressant comme question parce que moi, je ne leur dis pas, et nous les coachs en orientation, on ne leur dit pas « tiens, je te verrai bien dans tel métier ». C'est toujours le jeune qui décide. Nous, les coachs, les aidons à trouver ce qui va leur plaire et à trouver les réponses à leurs questions. Moi, je ne leur donne pas parce que je ne les connais pas. Mais Notre travail, c'est peut-être déjà de les aider à faire le premier pas. Et je te parlais de leur donner des outils pour plus tard, s'ils ont envie de se reconvertir, de faire autre chose, ils les auront dans leur boîte à outils, dans leur sac à dos. Ils sauront les étapes. S'il y a reconversion, ils repasseront peut-être par un coach en orientation ou par du bilan de compétences, mais ils auront les outils à leur disposition. Mais c'est vraiment la connaissance de soi, c'est savoir bien s'entourer aussi, parler de métier, etc. Et tant mieux si les choses évoluent. Heureusement, ils ont plein d'idées aujourd'hui. Avec toute la connaissance qu'on a de tout ce qui se passe autour de nous, heureusement qu'ils peuvent évoluer et changer. 

PJ : Est-ce que tu aurais quelques clés très concrètes à donner pour aider son enfant ou s'il s'agit d'un enseignant pour aider ses élèves à bien s'orienter ?

SMA : Oui, bien sûr. On utilise beaucoup d'exercices très spécifiques et très concrets. On parlait de la connaissance de soi, par exemple. En règle générale, un coaching commence toujours par : je prends un snapshot de qui tu es : qui est 

la Pascale d'aujourd'hui, ses compétences, ses centres d'intérêt, ses passions, ses valeurs, qu'est-ce qui est important pour elle, enfin pour toi, qu'est-ce qui te motive, qu'est-ce qui te fait te lever le matin ? Qu'est-ce qui te fait vibrer ?

Et comment tu te vois dans dix ans ? Tu vois, si je te demandais, si on prenait un café tout à l'heure et que je te dis, tu te vois où dans dix ans ?

C'est-à-dire dans quel métier ? Cette capacité à se projeter n'est pas très facile, c'est d'ailleurs un des exercices qui plaît le moins aux jeunes.

PJ : J'imagine qu'à 17 ans, cet exercice de se projeter n'est pas évident.

SMA : Ce n'est pas évident, mais même à 50 ans. Mais je dis toujours aux jeunes avec qui je travaille : c'est comme un muscle, donc commence par te poser deux, trois questions : tiens et dans deux ans, dans trois ans, je me verrai où ? Au début, ce n'est pas du tout facile, comme quand tu découvres un nouveau sport, un nouveau muscle.

Et puis, au fur et à mesure, tu vas le renforcer et ça devient presque un jeu. D'ailleurs, je leur recommande vraiment de faire cet exercice assez régulièrement. Le « snapshot de qui tu es », c'est vraiment : quelles sont tes compétences ? On ne se lève pas tous les matins en se demandant en quoi je suis bonne. Qu'est-ce que je fais facilement ? Qu'est-ce qui est important pour moi dans la vie ? Quelles sont les personnes que j'admire ? Tu vois, les personnes que tu admires, c'est ça qui va t'aider à trouver tes valeurs, ce qui est important pour toi. Donc, on va les faire réfléchir vraiment sur ces exercices, c'est un peu concret. Enfin, je fais toujours un peu valider cet exercice par les autres : je fais comme un 360 en entreprise, je leur demande d'aller questionner 5-6 personnes de leur entourage. Il y a un questionnaire très précis. Et en leur recommandant des personnes qui les connaissent bien dans des domaines différents et très variés pour leur dire en quoi ils sont bons, qu'est-ce qu’ils font facilement. Il y a un regard extérieur très important. Et puis, des personnes qui sont bienveillantes, tu vois, à cet âge-là, c'est hyper important. Parce que tu me demandais tout à l'heure un peu quelle était la promesse du coaching. Je pense que c'est aussi de regagner confiance en soi. L'exercice, c'est d'abord la confiance en soi, montrer qu'il y a plein de possibilités, plein de choses à faire, ett surtout, qu’ils sont capables de les faire.

Cet exercice, je l'appelle l'exploration par les autres. Les jeunes adorent parce que ça les valorise, et ça ouvre des conversations. « Ah bon, mais Tante Martine, elle pense ça de moi ? Mais ça, je ne le savais pas… » Ils reviennent des étoiles dans les yeux.

PJ : C'est très intéressant. Ça leur donne confiance en eux, j'imagine.

SMA : Et, je leur dis toujours que ça va les aider pour leurs inscriptions dans les universités. Parce que tout est lié. Ce n'est pas juste un snapshot de qui tu es. D’abord, c’est pour choisir un métier. Ensuite, c'est aussi pour les lettres de motivation et les entretiens. On a tout décrit, il y a tous les arguments. Il y a toute leur personnalité, leurs valeurs. Tout ce qu'il y a à mettre en avant. Parce que quand on pose la question à Tante Martine, par exemple :  qu'est-ce que tu vois de moi ? Pourquoi tu le dis ?

Et là, je suis en train de préparer pas mal d’inscriptions dans les universités actuellement. Et je reprends cet exercice qu'on fait au début. Et je lui dis, tiens, tu te souviens ? Ton oncle, il a dit ça de toi. Est-ce qu'on peut le dire dans ce cadre de cette filière, etc. ?

Ce n'est pas juste comme ça des conversations qu'on a en l'air et pour les flatter, etc. Tu vois, c'est un but très précis et qu'on peut réutiliser après.

 

PJ : Pour conclure ce podcast, Sixtine, tu as une très jolie citation aussi.

SMA : Alors, c'est une citation d'un auteur qui s'appelle Grégoire Delacourt, qui a écrit le livre « La liste de mes envies ». Et cette citation, c'est « J'aimerais avoir la chance de pouvoir décider de ma vie. Je crois que c'est le plus beau cadeau qui puisse nous être fait.» Je pense que ça résume très bien ton métier : aider les jeunes à trouver ce qu'ils ont envie de faire pour ne pas que d'autres décident pour eux ou pour ne pas que les circonstances décident à leur place. Parce que tu sais, j'ai pas mal de parents qui viennent me voir. Les enfants, les jeunes, ils n'ont pas toujours envie de faire un coaching d'orientation, c'est surtout le parent qui a besoin d'être rassuré.

PJ : Exactement.

SMA : Et puis, ils viennent me voir en disant que leurs jeunes ne sont motivés par rien, ils n'aiment rien. De toute façon, ils ne sont intéressés que par des jeux vidéo, etc. Et donc, moi, je discute : la première séance que j'ai avec le jeune, je lui dis : « Je crois que tu n'as pas envie d'être là aujourd'hui avec moi. Tu aimerais bien être où ? ».

Là, il me dit « Je veux aller avec mes copains… » ou je ne sais pas quoi. Et je lui dis, tu sais, le truc, c'est que l'orientation, il va bien falloir que tu t'y colles. Tu ne vas pas rester dans le canapé de tes parents pendant 40 ans, tu ne t'appelles pas Tanguy, ils ne vont pas vouloir.

Donc, soit tu décides pour toi, moi je t'aide à décider et on travaille ensemble main dans la main pour que ce soit un peu sympa. Soit ce sont tes parents qui vont décider parce qu'ils n'ont pas le choix, ils ne vont pas te laisser. Et même moi, je ferais la même chose pour mes enfants. Ou bien les circonstances vont décider pour toi et il y a peu de chances que ça te plaise. Donc c'est vrai que cette phrase, c'est une phrase qui me plaît beaucoup.

Je pense qu'on est tous acteurs, on a tous le choix. On a tous le choix de se décider. Et il vaut mieux ne pas le subir. On a tous des expériences désagréables dans la vie. Donc, il vaut mieux décider comment on a envie de les vivre que de les laisser décider à notre place.

PJ :  Pour conclure ce podcast, Sixtine, quel message voudrais-tu adresser aux parents et aux enseignants ?

SMA : Je pense qu'une orientation réussie, c'est une orientation qui est préparée. Et ça, c'est important. Pas forcément avec des coachs, attention, mais il faut réfléchir à son projet. Parcoursup pour les terminales arrive assez vite : mon conseil pour ces jeunes-là et même pour les profs et les parents, n'attendez pas le dernier moment.

N'attendez pas l'ouverture de Parcoursup pour réfléchir à l’orientation. C'est possible de choisir un truc complètement généraliste. Mais j'ai quand même beaucoup de jeunes en réorientation, qui sont depuis plusieurs années en première année de quelque chose.

Et ça, j'en ai de plus en plus parce qu'on teste, parce qu'on a fait ça chaque fois. Chaque année, c'est un échec. Moi, j'ai des jeunes, c'est la quatrième année qu’ils sont en première année de quelque chose. Donc, chaque année, c'est une baisse d'estime de soi. C'est un échec à gérer. C'est de plus en plus compliqué au fur et à mesure. On voit les potes avancer dans leurs études, qui commencent à décider. C'est angoissant. Et on se dit qu'on est nul et que c'est nous, alors que ce n'est pas ça. C'est juste qu'on ne s'est pas forcément posé les bonnes questions.

Donc, une orientation réussie, pour moi, c'est une orientation qui se prépare. Mais une orientation réussie, et ça, c'est aussi un message que j'ai envie d'adresser aux parents, ce n'est pas forcément un chemin tout droit. Parfois, on peut passer par la porte d'entrée : il y a des jeunes, ils sont hyper motivés. Ils savent exactement ce qu'ils veulent faire. Ils sont câblés pour les études qu'ils ont envie de faire. Et on y va, et on passe par la porte d'entrée. Mais parfois, c'est la fenêtre. Et puis, parfois, ce n'est pas la fenêtre, mais c'est la cheminée.

Et voilà, tous les chemins ne sont pas directs. J'ai des exemples incroyables de jeunes qui ont monté des boîtes après avoir fait un BTS, qui étaient nuls en maths et en physique, et qui sont devenus ingénieurs. Et en terminale, j'ai des exemples. Mon fils aîné, il a fait anthropologie linguistique à l'université de Santa Barbara. Tu sais où il est maintenant ? Il est officier militaire dans l'armée française : rien à voir avec ses études. Donc, il y a plein de chemins. C'est beaucoup de rencontres. Et puis, c'est vrai qu'il y a des jeunes qui se réveillent un peu plus tard que d'autres. Chacun son rythme. Et j'ai envie de dire, et ça, je pense aussi que c'est important de le savoir, il y a plein de passerelles. Beaucoup plus aujourd'hui qu'à notre époque : on peut aller faire médecine en Roumanie. Si on ne peut pas faire médecine en France, on peut faire kiné en Espagne.

Le marché de l'emploi est international aujourd'hui. Alors surtout, il faut encourager vos jeunes à parler des langues, partir loin. Parce qu'aujourd'hui, on peut être vite limité si on reste en France.

Donc, j'ai envie de terminer par dire : faites confiance à vos jeunes. Ils sont plein de ressources. Nous, on les voit tous.

Pas plus tard qu'hier, j'avais une maman qui me disait : je trouve que mon fils n'est pas du tout motivé dans son coaching d'orientation, comment vous voyez les choses, etc. Et quand je lui ai dit ce qu'on se disait en coaching d'orientation, elle m'a dit, ah d'accord, je suis rassurée. Donc, peut-être qu'ils ne vous disent pas tout, parce que la relation avec le parent, ce n'est parfois pas évident. C'est notre travail, à nous, les coachs d'orientation. Parfois, on dit exactement la même chose que les parents, sauf qu'on nous prend un peu plus au sérieux.

PJ : Ça vient de l'extérieur.

SMA : C'est injuste, mais c'est comme ça. Faites confiance à vos jeunes. Ils sont pleins de ressources.

Nous, les coachs d'orientation, on est plutôt très optimistes par cette jeunesse qui arrive et qui a envie de faire plein de choses. Ils n'ont en fait pas envie d'avoir la même vie que nous. Mais par contre, soyez le cadre qui va les guider. Soyez les sources, donnez-leur des idées parce que peut-être qu'ils ne savent pas, qu’ils n’en soupçonnent pas l'existence.

Voilà. J'aime bien utiliser l'expression « souple sur les pattes arrière » aussi. On donne un cadre.

Et j'aime bien aussi, parce que dans une première vie, je vendais les moules Flexipan. Ces moules souples, mais avec une grille, tu sais, pour que le gâteau ne s'étale pas. Le moule souple est sur un support : soyez le support sur lequel votre jeunesse pourra s'appuyer, que ce soit les profs ou les parents.

Soyez toujours un peu attentif, sans trop imposer, mais ce n'est pas facile. Ce n'est pas facile de trouver le juste équilibre. J'ai quatre enfants, je sais très bien de quoi je parle.

PJ : Merci beaucoup, Sixtine. C'était vraiment passionnant et merci aussi pour tous ces conseils et aussi ces messages que tu nous adresses très optimistes sur la jeunesse d'aujourd'hui.

SMA : Merci, Pascale. Je n'ai qu'une hâte, c’est de voir tout ce qu'ils vont donner, tous ces jeunes.

 

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